« When I Was Young, I Was A Jedi »

Summertime, and the livin' is easy. Fish are jumpin' and the cotton is high oh, your daddy's rich and your ma is good-lookin'. So hush little baby, Don't you cry one of these mornings you're gonna rise up singing and you'll spread your wings and you'll take to the sky…

Des paroles entêtantes, sur un air reposant, elle se déhanchait avec grâce, contre son corps chaud sans s’en lasser. C’est comme ça que commence toute rencontre, ne croyez-vous pas ? Deux corps, irrésistiblement attirés l’un à l’autre, vers la douceur que l’inconnu dégage à chacun de ses mouvements. Elle a vingt ans, il en a sept de plus qu’elle et pourtant, l’âge ne semble pas être une limite à leur flirt muet, seulement entrecoupé par la voix suave du chanteur de jazz. Alors qu’il lui prend la main dans une caresse, elle passe la sienne sur son épaule, adressant un discret sourire à son compagnon de danse en sentant son bras entourer sa taille. Elle le connaît à peine, juste ce qu’elle a appris de lui dans la soirée qu’ils viennent de partager et pourtant, elle sait déjà que c’est le bon, celui qui l’accompagnera pour le meilleur comme pour le pire, tout le restant de ses jours. Comme pour se délecter de cette première rencontre, elle se laisse glisser, guidée par les mouvements de la danse douce qu’ils ont débuté il y a trop peu de temps, elle aime sentir ses mains contre son corps malgré les habits qui couvrent encore sa peau, cette petite robe d’été qui, alors qu’elle était venue se réfugier de la pluie plus tôt dans la soirée, avait été trempée au point de largement laissé entrevoir ses formes. Beaucoup d’hommes avaient posé son regard sur ce que l’eau avait rendu transparent, lui, il n’avait fait que se perdre dans son regard, c’était sans doute pour ça que le moindre de ses touchers était aussi doux qu’une plume qui frôle la surface d’un lac.

But 'til that morning, there ain't nothin' can harm you with Daddy and Mammy standin' by one of these mornings you're gonna rise up singing…

Il lui sourit, la sentant chavirer sous son regard, alors qu’il ne fait que se concentrer sur la prunelle de ses yeux, si douce et si complexe à la fois. Vert, bleu ? La couleur de ses yeux, il ne saurait la reconnaître tant elle est troublante et changeante. Il se souviendra sans doute toute sa vie de cette apparition inattendue, quasi mystique qui l’a plongé dans une si belle contemplation… bénie soit la pluie, béni soit ce job qu’il avait détesté quelques jours plus tôt… serveur, qui peut ambitionner un pareil emploi ? En même temps, qui pourrait soupçonner qu’une telle femme, aussi gracieuse puisse entrer dans un endroit pareil ? Austin, il pleut rarement, très rarement, et pourtant ce soir, la pluie semble être arrivée sur la ville à l’exact bon moment, rien que pour lui, comme un cadeau du ciel prometteur… quelles promesses ? Il n’en sait encore rien, mais il a bien envie de se laisser guider un peu.

And you'll spread your wings and you'll take to the sky But 'til that morning, there ain't nothin can harm you With Daddy and Mammy standin' by…

Et déjà la musique touche à sa fin, sur la douce voix d’Ella mais non… il ne la lâche pas, elle ne semble pas vouloir quitter son étreinte, la musique n’a que peu d’importance dans un moment pareil, alors qu’ils plongent l’un dans l’autre, petit à petit, irrémédiablement, incapables de lutter… ils n’avaient même pas envie de lutter, d’ailleurs.

_______________

D’un coup de pinceau, elle recouvrit le dernier carré rose avec cette couleur… bleu, un bleu relativement doux et clair, annonciateur d’un petit endroit où la personne à qui ce lieu était destiné pourrait se sentir chez soi, avec tout l’amour possible et imaginable. Dans un soupir de fatigue, elle posa sa main sur son ventre rebondi… les médecins n’avaient jamais été des grands génies pour différencier un garçon d’une petite fille, si bien qu’à quelques semaines de l’accouchement, voilà qu’ils devaient changer les couleurs et toute la décoration qu’ils avaient mis tant de temps à faire. Elle avait soigneusement passé la première couche, la blanche avant que celui qui était désormais son mari ne passe la seconde couche, quelques jours plus tard, un rose pâle, puis une troisième encore et voilà que tout était réduit à néant, qu’ils avaient du tout recommencer parce qu’un médecin ne savait pas lire correctement une échographie. Et pourtant, comme pour la sortir de son râlage intérieur, l’enfant lui donna un léger coup, qui lui arracha un léger sourire attendri, que ce soit une fille ou un garçon, elle l’aimerait tout autant. Et pourtant, comme si le bébé ne semblait pas si satisfait que ça, les choses s’intensifièrent vite, jusqu’à devenir… douloureuses… très douloureuses ! Saleté d’atelier peinture, elle n’eut pas le temps de vociférer qu’une flaque de liquide amniotique imbibait le si joli parquet qu’ils avaient mis tant de temps à poser. Le temps d’un « TOM » hurlé depuis la chambre à l’adresse de son mari et voilà que les choses se précipitaient bien soudainement.

Nous étions le 2 mai 1983, Austin toujours, ils ne s’étaient pas résolus à quitter cette si jolie ville, cette ville où ils s’étaient rencontrés pour le meilleur… et pour le meilleur jusque là. A croire que Dieu n’avait pas fini de leur fournir un paquet de bonheur, voilà qu’il leur donnait un fils, un très beau garçon, avec quelques cheveux sur le sommet du crâne et une bouille mi « il ressemble à sa mère » et « oh il a tout de son père ». Adam Jansen Burrows, un drôle d’assemblage et manque de chance pour ce pauvre gamin, ses parents aimaient vraiment faire dans l’originalité… quoique le pire dans ce petit trio soit le nom de famille, celui de son père qui avait, il semble bien, tout pour annoncer un avenir des moins… étranges, non ? Avenir prometteur ou non, le petit garçon a grandi dans le plus grand bonheur, deux parents qui l’aiment par-dessus tout, fils unique de surcroît, une famille unie, une jolie maison… bref, une vie sans le moindre nuage, c’est sans doute ça qui attira l’attention du bon dieu quelques années plus tard. Enfant modèle et studieux il plait aux filles, additionne les bonnes notes et les bonnes remarques, est bien placé pour entrer dans les écoles les plus prestigieuses et ce, malgré les revenus modestes de ses parents… merci les bourses, hein ? A 18 ans, ses diplômes en poche, Adam n’a qu’une ambition, être le meilleur pour entrer à l’armée. Il s’engage donc juste après son service militaire dans un monde en relative paix… trop grande paix sans doute par rapport à ce qu’il est aujourd’hui.

_______________

Il lâcha les lèvres de la jeune femme; alors que le baiser ne lui avait semblé durer que quelques secondes à peine, trop peu de temps pour un baiser d'adieu... ou un baiser d'au revoir pour une durée qu'ils ignoraient tous les deux. Mais le temps pressait, les gens s'agitaient autour d'eux... le simple fait d'avoir eu droit à cet adieu était un luxe auquel peu pouvaient avoir droit. Laissant la caresse dont il gratifiait sa joue descendre vers son épaule, elle eut à peine le temps de lui adresser un "je t'aime" qu'il la poussa, avec délicatesse et déchirement vers un endroit sans contexte plus sûr... Il se détourna rapidement de son regard, incapable de la voir partir alors que lui, il avait pris la décision de rester encore ici. Il fit quelques pas, passant une main sur son visage marqué par la fatigue, cherchant à oublier ce qu'il faisait, ce choix qu'il venait de faire et qui le tiraillait de tous les côtés : vers ses obligations, vers elle, vers ce qu'il voulait vraiment. Alors qu'il retournait vers la foule qui resterait prisonnière, un cri déchira l'agitation générale, plus meurtri et morbide que tout autre. Faisant volte face, la seule chose qu'il ait eu le temps de voir, c'est cet humain difforme se jeter vers le groupe qui venait de l'emmener loin de lui. Il était suivi d'un autre... et d'une multitude d'autres en réalité.
« BURROWS ! » A peine avait-il fait quelques pas pour retourner auprès d'elle, pour essayer de la sauver qu'il se faisait retenir par deux des siens, des frères de l'armée qui pourtant se posaient entre lui et elle, entre l'infime chance qu'il avait de la sauver, si tant est qu'un fasse vite. Sans une once d'hésitation, il envoya un coup en plein visage du premier, déstabilisant l'autre avant de l'assommer également d'un simple coup avant de sortir son arme pour foncer dans le tas. C'était irréfléchi, mais il avait tant fait pour qu'elle survive à ça, pour ne pas la perdre, il ne pouvait définitivement pas se résoudre à la laisser mourir. Les cris du groupe qui se faisait massacrer par ces choses immondes continuaient de le torturer, et à peine eut il fait quelques pas qu'il fut à nouveau interrompu, attrapé par plus de bras cette fois-ci, de tous les côtés et définitivement mis à terre par un coup à l'arrière du crâne qui lui fit presque perdre conscience.

Adam se réveilla en sursaut, le cœur palpitant à toute allure, la sueur au visage, réveillé à chaque fois qu'il fermait les yeux par ces images pleines de sang, des images d'une traîtrise qu'il gardait pour lui, qu'il méprisait plus que tout et qui aujourd'hui, était encore responsable de son malheur. Quittant sa couche pour aller marcher un peu dans l'espoir de se vider la tête, il n'échappa à la règle principale, embarquant au passage une de ses armes - au cas où, ça se révèle souvent utile. Au détour d'un couloir et d'un coin occupé par des provisions qu'ils avaient rassemblé aujourd'hui, il prit aussi avec lui une bouteille de... vieux, très vieux whisky, certainement bien fort... tant mieux, c'est ce dont il avait besoin. Passant devant quelques personnes qui ne dormaient pas, il sortit dans la nuit froide, s'asseyant sur les marches d'un escalier abîmé par de nombreux - trop nombreux - passages. Observant l'obscurité environnante, il but une gorgée d'alcool, l'esprit ailleurs... dans des endroits qu'il n'aurait plus jamais voulu explorer :

La tête collée contre le bureau, il réprima un soupir de douleur. Il sentait le sang couler le long de son front par une plaie sans doute béante. Mais visiblement personne ne jugeait nécessaire de le soigner. Il finit par relever le visage, esquissant une grimace. Il n'avait qu'une main de libre, l'autre étant soigneusement menottée au bureau sur lequel il avait cherché un peu de repos. Il passa sa main libre dans ses cheveux bruns, les ramenant en arrière alors qu'ils étaient trempés par la sueur et salis par les récentes péripéties qu'il avait eu à traverser. Il observa quelques secondes autour de lui, reconnaissant l'une des tentes que l'armée avait mises en place pas très loin de la sortie de la ville, près de la mer pour le moment où ils partiraient aussi. La chaleur était étouffante là-dessous. La respiration difficile, il fronça les sourcils, essayant de se remémorer les événements qui l'avaient mené ici, menotté comme un traître. Il se souvenait... c'était eux les traîtres. A peine le temps pour Adam de tout comprendre qu'on entra dans la tête... son supérieur, toujours la même classe, comme si la situation autour n'était pas totalement désastreuse. Adam détourna le regard, réprimant une grimace de dégoût, chaque geste de son visage étant plus douloureux que le reste. Alors que son supérieur s'asseyait de l'autre côté du bureau juste en face de lui, Adam baissait le regard, serrant les mâchoires pour se contenir... il était enchaîné comme une bête, le moindre geste aurait été totalement inutile.
« Tu s'rais mort si on t'avait laissé faire... »
Ces paroles eurent pour effet de faire relever le regard à Adam, qui ne cachait toute la colère qu'il ressentait à cet instant précis, fusillant son supérieur du regard. L'homme eut d'ailleurs un soupir, avant de hausser les sourcils d'un air faussement désolé... ce type était tout simplement incapable de ressentir la moindre compassion.
« Elle... elle est morte. Si on avait pu faire quoique ce soit... crois-moi, on l'aurait fait. »
Comme seule réponse, Adam se contenta de soutenir le regard de son interlocuteur, sans montrer la moindre réaction, alors qu'à l'intérieur, tout s'effondrait pour se réduire à un tas de cendres.
« Tu vas devoir être jugé par un groupe de l'armée pour tes agissements... »
Toujours aucune réaction, comme s'il avait été subitement figé, il respirait calmement, soutenant avec la même intensité le regard de l'homme qui avait en réalité détruit toute sa vie.
« Burrows... on peut éviter ça, j'peux oublier ce qui est arrivé mais y'faut que tu passes à autre chose. T'es un soldat... »

Adam avala une nouvelle gorgée de whisky, ravalant ce souvenir et tous les autres qui l'accompagnaient. Comment il s'était enfui quelques minutes après, comment il avait tourné dos à l'armée, disparu aux yeux de celle-là. Comment il avait survécu au milieu de la ville... et comment il en était arrivé là, des histoires bien longues sur lesquelles il ne voulait pas revenir, des fantômes d'un passé qu'il enfermait en lui, qui le bouffaient mais qui le maintenaient en vie.

The player

PSEUDO • MARY-W.
ÂGE • 18 ans *sbaff*
FRÉQUENCE DE CONNEXION • 7/7
OÙ AS TU TROUVÉ LE FORUM • Chez Deanou
COMMENT LE TROUVE TU • SUPER
CODE RÈGLEMENT •

Spoiler:

UN DERNIER MOT • Sam <3
EXEMPLE DE RP •

Spoiler: